Sujet à prendre au sérieux, et evoqué dans les Conseils Municipaux et Communautés de Communes.
** article paru dans le R.L. du 13 avril **
Au départ, les toilettes
Ces lingettes retrouvées dans la nature ont été jetées dans les toilettes. Or, le temps de séjour dans le réseau d’assainissement est au grand maximum de deux jours et demi. Impossible que quelque chose s’y décompose durant ce laps de temps. En outre, ni les réseaux, ni les stations ne sont faits pour accueillir des matières solides. Les tuyaux, les pompes, le matériel de filtration nécessitent des interventions supplémentaires, selon qu’ils soient bouchés, coincés ou colmatés. Les lingettes représentent jusqu’à 80 % des déchets récupérés par les dégrilleurs. À titre d’exemple, depuis le début de l’année, la seule station d’épuration de Sarrebourg a ainsi récupéré 36 tonnes de déchets. Ceux-ci seront conduits à Teting-sur-Nied pour y être enfouis, pour un coût supérieur à 9 000 € ! Jeter une lingette est donc un acte qui coûte cher à tous les consommateurs via la redevance assainissement.
En trois mois, les déchets solides coûtent 9 000 €
Comment passent-elles dans la nature ?
Le réseau d’assainissement de la CCSMS est unitaire à 90 %. Autrement dit : un seul tuyau accueille indifféremment les eaux usées et les eaux de pluie. Ce n’est pas anormal en France. Aujourd’hui, des réseaux séparés sont bâtis dans les nouveaux quartiers ou lors de la rénovation du réseau (qui n’est pas une priorité). Le réseau unitaire a un gros défaut. Les eaux de pluies, quand elles sont importantes, vont diluer la pollution dans la station d’épuration (step), ce qui nuit à son bon fonctionnement. Pire, en cas d’orage, elles peuvent lessiver les boues de la step où vivent de bonnes bactéries qui dépolluent l’eau.
Sur le réseau, il existe donc des déversoirs d’orage pour empêcher ce lessivage. La CCSMS en compte 293. Les lingettes s’échappent par là.
Déversoir d’orage
Durant une dizaine de minutes d’un épisode de fortes précipitations, l’eau polluée continue son chemin normalement vers la station d’épuration.
Comme le débit augmente encore dans les canalisations, une partie de l’eau passe dans une autre conduite, au niveau d’un déversoir d’orage. Celle-ci mène directement à la rivière.
Ce n’est pas aberrant, sachant d’une part que la pollution organique qui y part est diluée par la pluie, et se déverse dans un cours d’eau qui lui-même reçoit des précipitations.
Seulement, quand ces systèmes ont été imaginés, les lingettes n’existaient pas. Il est parfois possible d’installer un dégrilleur sur le déversoir, mais cela nécessite une inspection presque après chaque pluie importante. Dans le cas de Sarrebourg, les déversoirs d’orage près de la gare et en amont de la station d’épuration sont trop gros. Il faudrait y installer des dégrilleurs automatiques qui prennent beaucoup de place et des équipements spéciaux.
La solution
En attendant d’ici trente ans d’hypothétiques réseaux séparés,
le mieux est de jeter les lingettes à la poubelle, leur seule place.
Ou mieux, ne plus en utiliser du tout !
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